Tunisie : Vaches maigres au menu, mais pas pour les Assureurs, dit une étude
La UNE
par African Manager – 04/09/2017 17:38
Les compagnies d’assurances se portent nettement mieux que l’économie dans sa globalité. Alors que le taux de croissance du pays stagne, faisant toujours les frais d’une crise économique et politique qui continue de sévir, le marché de l’assurance poursuit sa croissance. Les primes émises des 22 compagnies que compte le secteur se sont accrues en 2015 de 7,9% pour s’établir à 1 679 Millions de dinars, sachant qu’une année auparavant, elles se sont améliorées de 10,1%. C’est ce qui ressort d’une étude publiée récemment par l’intermédiaire en bourse Mac Sa sur la situation du secteur des assurances en Tunisie. “Malgré le fait que cette croissance reste soutenue d’année en année, le taux de pénétration reste relativement faible à 1,9%. Quand on sait que le ratio qui rapporte les primes au PIB est de l’ordre de 14,7% en Afrique du Sud, de 9,3% en France et de 7,4% aux États-Unis, il y a lieu d’affirmer l’énorme potentiel de croissance dont regorge le pays“, lit-on dans cette étude.
A travers les sommes importantes qu’il mobilise, le secteur des assurances joue un rôle important dans la collecte de l’épargne intérieure et dans son acheminement vers le financement des besoins de l’économie. Ce rôle est faiblement rempli en Tunisie puisque le secteur reste dominé par les assurances obligatoires et la culture de l’assurance est faiblement ancrée dans les mentalités tunisiennes.
Toujours selon cette étude, le secteur des assurances a bénéficié d’un courant réformateur qui a également englobé tout le domaine financier. Ces réformes qui ont été entreprises depuis l’année 2000 ont été axées sur : l’assainissement de la situation financière des entreprises d’assurances, l’actualisation du cadre législatif et réglementaire, le développement des assurances sous-exploitées (assurance vie, assurance agricole…), la réforme des principaux régimes d’assurances, la mise à niveau des compagnies d’assurance, l’ouverture progressive du secteur à la concurrence et l’amélioration de l’environnement par l’incorporation de nouvelles dispositions et ce, en vue d’améliorer la compétitivité des entreprises, la qualité des prestations d’assurances et de mettre le secteur au niveau des standards internationaux. Malheureusement ces réformes n’ont pas suffi pour remédier à la fragilité technique du secteur. Plusieurs lacunes entravent son développement, notamment l’absence d’une stratégie globale nationale pour le secteur des assurances, une fragmentation du secteur avec 22 compagnies pour un si petit marché, un manque d’innovation, etc.
L’étude a également révélé que durant ces cinq dernières années, le secteur a connu une croissance moyenne de 9,3% du chiffre d’affaires alors que les sinistres ont cru à un taux moins élevé, soit 7.4%, ce qui a ramené le ratio Sinistres/Primes à une moyenne de 57,5%.
Le marché des assurances en Tunisie est caractérisé par une dominance des branches de l’assurance non vie avec une part dans la production de 82%. La culture de l’assurance vie n’est pas assez répandue dans notre société et cette branche ne représente que 18% du chiffre d’affaires contre une moyenne mondiale de 55,6%.
La répartition du chiffre d’affaires par branche est restée presque inchangée au fil des années avec une prédominance de l’automobile et le groupe maladie qui accaparent 60% du chiffre d’affaires du secteur en 2015. L’assurance vie se consolide d’une année à l’autre avec une croissance annuelle moyenne de 14,3% mais sa part dans le chiffre d’affaires global reste encore en-dessous des 20%.
Connue par sa forte sinistralité, la branche « Automobile » reste un mal nécessaire pour les compagnies d’assurances puisqu’elle génère 45,7% du chiffre d’affaires du secteur. La branche « Groupe maladie » vient en deuxième position (non vie) avec une part de 14,2% en écart de 31,5 points de pourcentage par rapport à la branche automobile. La production de cette branche a connu en 2015 une évolution de 9.3% contre 7.9% pour le secteur.
En dépit des encouragements et des incitations fiscales, les souscriptions dans l’assurance vie sont toujours loin des aspirations. Pour rappel, le montant des primes d’assurance vie déductible de l’assiette imposable a été augmenté deux fois en 2008 et 2013, respectivement à 3 000 DT et 10 000 DT contre un montant initialement fixé à 2000 DT. L’assurance vie est toujours emprisonnée par l’obligatoire, en l’occurrence le type « Temporaire Décès » lié aux crédits bancaires et aux opérations de leasing.